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ETK Onilatki
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8 juillet 2009

La belle au bois dormant version Onilatki.

Ce conte est assez connu ; la belle est une princesse, les fées invitées lors de son baptême lui donnent chacune un don, mais une mauvaise fée qui n’a pas été invitée lui donne comme don de se piquer et d’en mourir, les autres fées ne peuvent annuler le sort mais l’atténuent : la princesse sera plongée dans un profond sommeil. Dans certaines versions, on ne connaît pas le nom de la princesse, dans d’autres versions, elle s’appelle Eglantine (et ce sont des buissons d’églantines qui poussent tout autour du château pour le protéger), dans d’autres, c’est Aurore (et la mauvaise fée s’appelle Carabosse) ; une version du conte donne la suite de l’histoire : Aurore épouse le prince, ils deviennent roi et reine, ils ont deux enfants : Aurore et Jour, mais la mère du roi est une ogresse et veut dévorer ses petits enfants et sa belle fille ; heureusement, l’homme chargé de tuer et de préparer les repas remplace les humains par des animaux ; cependant le subterfuge est découvert et la reine-mère prépare une grande marmite pour manger réellement la reine et ses enfants, le roi revient à temps, et la reine-mère se précipite dans la marmite.

 

Voici maintenant la version Onilatki.

 

 

Il était une fois un roi et une reine qui se désolaient de ne pas avoir d’enfant. Ils avaient fait appel à tout le monde, mais personne n’avait pu leur venir en aide. Un jour, une es servantes de la reine leur conseilla d’aller trouver Yléora la sage. Cette dernière, que tous craignaient, habitait dans une tour au sommet d’une haute montagne au beau milieu d’une très épaisse forêt. Elle donna à boire une étrange potion au roi et à la reine, frappa trois fois dans ses mains, et les laissa repartir, à la condition qu’ils n’oublient pas de payer leur dette.

Bientôt après, on annonça dans tout le royaume la naissance de la petite princesse. Une grande fête fut organisée, à laquelle tous les habitants du royaume furent conviés. Et les fées n’avaient pas été oubliées. Elles avaient été choisies comme marraines de l’enfant. En attendant la cérémonie de baptême, elles discutaient.

« Mais où est Yléora ? Je ne la vois pas…

La cérémonie commença. La fée Kallista se pencha sur le berceau de Diamantine et lui fit don de la beauté. La fée Sophia s’avança, et lui fit don de l’intelligence et de la sagesse. Alors que la fée s’approchait, le tonnerre retentit, le palais trembla, et dans un éclair aveuglant parut la fée Yléora, terrible, éclatante et sombre.

« Vous m’avez oubliée, rugit-elle, vous n’avez pas voulu payer votre dette ; mais ce que je vous ai donné, je peux le reprendre, et c’est ce que je vais faire !

Mais, mais… balbutia le roi.

Il n’y a pas de mais ! tonna Yléora. Sans moi, Diamantine ne serait pas née ; et vous commettez l’affront de ne pas m’inviter à son baptême !

Mais, mais… bredouilla la reine.

Silence ! »

Pas un murmure ne raisonnait dans le palais. Yléora s’approcha du berceau, et prononça ces paroles terribles : « Diamantine, voici mon don : le jour de tes seize ans, tu te piqueras le doigt, tes yeux se fermeront, ton esprit s’envolera, et tu en mourras. »

Sur ce, elle disparut, laissant le palais dans une immense détresse. Alors, la fée Agatha fit don de la bonne humeur et d’un rire vivifiant à la princesse.

Tout objet pointu fut banni du royaume : couteaux, rouets, aiguilles... La petite Diamantine grandit, et enchantait tout le monde par sa beauté rayonnante, son intelligence vive et sa bonne humeur communicative. Elle approchait du jour de ses seize ans, mais comme tout objet pointu avait été banni du royaume depuis les terribles paroles d’Yléora, plus personne ne s’inquiétait.

Le jour de seize ans, Diamantine déambulait dans les jardins du palais. De magnifiques fleurs semblaient se pencher sur son passage, et une en particulier, tombée sur le chemin attira son attention : c’était une fleur que la princesse n’avait encore jamais vue : une rose. La jeune fille se pencha pour la ramasser, mais à peine l’eut-elle effleurée que son doigt se piqua sur une épine. Les yeux de Diamantine se fermèrent, son esprit s’envola…

Cependant, Yléora s’était attachée à la princesse. Elle ne pouvait annuler son don, mais elle l’avait depuis longtemps atténué : la princesse ne mourut pas, mais fut plongée, ainsi que tout le royaume, dans un profond sommeil. Yléora fit pousser une haie épaisse tout autour du château afin de le protéger.

Les années s’écoulaient. Agatha, Kallista, Sophia et Yléora veillaient sur le royaume endormi. Elles le visitaient régulièrement, pour vérifier l’épaisseur de la haie et pour tenir les lieux propres. Seul le vent ne dormaient pas, et jour, il porta à Yléora un message bouleversant : une très vieille lettre, portant le sceau royal. La fée l’ouvrit, la lut… Elle n’avait pas été oubliée par le roi et la reine, elle avait bien été invitée au baptême de Diamantine. Mais pourquoi cette lettre avait-elle mis cent ans à lui parvenir ?

« D’où viens-tu ? » dit-elle à la lettre. Alors, le vent la guida jusqu’aux oubliettes du château. Il n’y avait qu’un prisonnier, au plus profond de la plus profonde oubliette. Le messager endormi était solidement enchaîné. Ses vêtements en haillons et son visage hirsute indiquaient qu’il était là depuis fort longtemps. La fée le libéra et le porta à l’air libre. Lorsque le soleil lança son dernier rayon sur l’horizon, Yléora prit les mains du messager, et vit ce qui s’était passé : la sœur du roi avait vu d’un mauvais œil la naissance de Diamantine, car cet événement l’avait éloignée du trône, qui lui serait revenu si le roi n’avait pas eu d’enfant. Sachant très bien qu’il ne fallait jamais offenser les fées, elle avait eu l’idée d’emprisonner le messager qui devait porter l’invitation à Yléora, afin que la fée en prît ombrage et se vengeât. Mais il n’y avait pas eu d’offense…

Yléora ne pouvait annuler le sort qu’elle avait jeté avec tant de puissance et de colère, mais elle était bien décidée à agir ; aussi convoqua-t-elle le Conseil des Fées.

« Le royaume est en danger, informa Sophia, ses voisins le convoitent, le croyant facile à prendre et sans vie.

Ils ne savent pas voir la beauté des arbres qui le protègent, déplora Kallista.

Où bien ils ne la connaissent que trop… ajouta Agatha.

Il faut réveiller le royaume, annonça Yléora. C’est pour cela que je vous ai convoquées. Ses voisins sauront qu’ils ne s’agit pas d’une friche, et resteront chez eux.

Mais quelle est la solution ? demanda Agatha.

Tout a commencé avec Diamantine, tout doit se résoudre avec elle, expliqua Sophia.

Et que diriez-vous de ceci ? » proposa Kallista, dessinant rapidement quelque chose.

Cette proposition fut approuvée tout de suite, et chaque fée rentra chez elle. C’était à Yléora de s’occuper de tout. Elle prit un peu de neige de sa montagne, et s’approcha de l’arbre le plus proche de sa demeure ; elle déposa la neige, et façonna une figurine humaine, tout en prononçant ces mots : « tu auras pour nom Xylinko ; tes cheveux auront la couleur moirée du tronc de cet arbre, tes yeux seront teintés comme ses feuilles, et ta peau aura la couleur de la neige au lever du soleil. Va, trouve la princesse aux cheveux d’argent, et réveille-là. »

Elle frappa trois fois dans ses mains, et la figurine de neige grandit, se colora, et bientôt après un très beau jeune homme d’une quinzaine d’années fit route vers le palais. La haie s’écartait devant lui, et se refermait aussitôt après. Le vent soufflait doucement. Xylinko arriva au palais : tout était endormi : humains, animaux, eau, feu,… Il chercha Diamantine partout à l’intérieur, mais ne la trouva pas. Quels endroits n’avait-il pas encore visités ? Il se rendit dans les jardins pour réfléchir, et là, il la vit. Le vent faisait virevolter ses cheveux argentés, une goutte de sang perlait sur son doigt, et à ses côtés dormait la rose. Mais comment réveiller la princesse ? Le jeune homme ramassa la fleur avec précaution, sentit son parfum délicat, et ses lèvres se teintèrent de rose. Alors il sut que faire. Il la prit dans ses bras, l’embrassa, et elle ouvrit les yeux.

« Quel rêve ! s’exclama-t-elle. Une immense haie avait entouré tout le royaume, et nous vivions tous là, reclus, et derrière la haie le temps s’écoulait, mais pas ici… Que c’était étrange ! »

Tout le royaume reprit vie. Bientôt, on annonça le mariage de Diamantine et de Xylinko. Une grande fête se déroula sur plusieurs mois, à laquelle furent conviés tous les habitants du royaume, les souverains des royaumes voisins, et bien évidemment les fées.

Mais où était donc la sœur du roi ? Eh bien, une fois son méfait accompli, elle avait attendu impatiemment les seize ans de Diamantine. Cependant, peu de temps avant le jour fatidique, elle s’était proposée comme ambassadrice du royaume auprès d’un prince voisin qui fêtait sa montée sur le trône, le roi ne voulant manquer pour rien au monde l’anniversaire de sa fille. C’est ainsi qu’étant absente du royaume quand la princesse s’était piquée le doigt, elle n’avait pas été plongée dans le profond sommeil de cent ans qui avait frappé tout le monde. Elle avait vieilli, s’était flétrie, et était morte depuis longtemps quand Xylinko embrassa Diamantine…

 

Quelques remarques sur les noms (pour ceux qui n’auraient pas fait de grec ancien, et qui donc n’auraient pas forcément remarqué, ainsi que pour ceux qui bien qu’ayant déjà fait du grec ancien n’auraient pas plus remarqué que les autres) :

 

*Yléora : nom formé sur υλη (ylè sans tenir compte de l’esprit rude, hylè si on en tient compte), le bois, la forêt, et ορος (oros), la montagne : en effet, Yléora habite en haut d’une montagne entourée d’une forêt.

 

*Kallista : καλλιστα (kallista) (variante dorienne du ionien attique καλλιστη (kallistè)) est le superlatif de καλη (kalè), qui signifie belle. Kallista signifie donc « la plus belle » (sens relatif du superlatif) ou « la très belle » (sens absolu du superlatif). Et elle fait don de la beauté à la princesse.

 

*Sophia : σοφια (sophia) signifie sagesse, savoir. Et elle fait don de l’intelligence à la princesse.

 

*Agatha : αγαθα (agatha) (variante dorienne du ionien attique αγαθη (agathè)) signifie bonne, agréable. Et elle fait don de la bonne humeur à la princesse.

 

J’ai choisi les variantes doriennes pour que toutes les fées aient un nom qui se termine par un « a ».

 

*Diamantine : le seul nom non grec de cette histoire, formé à partir du mot « diamant »

 

*Xylinko : mélange de ξυλικος (xylikos) et de ξυλινος (xylinos), qui signifient tous deux « de bois, en bois » : Xylinko a en effet été fabriqué au pied d’un arbre, et ses cheveux ont la couleur du bois.

 

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